Fons Leroy et les défis liés au marché du travail: "il est temps que les opinions classiques fassent place à de nouvelles idées".
Dans cette première chronique d'une longue série, Fons Leroy, expert du marché du travail, aborde les défis de ce marché du travail pour les 10 à 15 prochaines années. Qu'est-ce qui vous attend et comment faire face à ces défis?
En premier lieu, le changement climatique exerce une pression sur notre mode actuel de production et de consommation, poussant les entreprises sur la voie de la 'réutilisation' (re-use), du 'recyclage' (re-cycling) et de la 'reconception' (re-design). Les entreprises devront donc s'organiser de manière plus durable et les collaborateurs auront besoin de nouvelles compétences pour pouvoir contribuer à une économie durable.
A côté de cela, la transformation numérique et technologique se poursuivra sans relâche. Quel que soit le secteur ou l'activité, les processus de production et de service seront plus que jamais axés sur la technologie. Sans IT, toute entreprise est vouée à l'échec.
L'intelligence artificielle fera son apparition partout et entraînera davantage de réalisations sur mesure car elle permettra de mieux connaître les besoins des clients. L'atelier évoluera vers un environnement de travail 'robotisé' où l'homme et la machine seront utilisés de manière complémentaire. Ces robots ne remplaceront pas l'homme, mais se chargeront des tâches pénibles, répétitives et ennuyeuses.
Au cours de la période à venir, notre marché du travail sera également caractérisé par des pénuries de personnel. En effet, en raison de l'évolution démographique, il y aura moins d'entrants que de sortants sur le marché du travail. La 'guerre des talents' continuera donc de sévir et obligera tant le monde politique que les entreprises à adapter fondamentalement leur façon de gérer les talents.
On dénombre aujourd'hui deux fois plus de malades que de demandeurs d'emploi. Il ne suffit donc pas d'activer les demandeurs d'emploi, nous devons également nous concentrer sur la réintégration systématique et rapide des personnes malades sur le marché du travail. Les groupes vulnérables comme les personnes issues de l'immigration, les personnes handicapées et les personnes âgées de plus de 60 ans doivent également bénéficier de meilleures opportunités d'emploi, comme dans les pays voisins.
Ce ne sera possible que si les entreprises abandonnent leur mode de recrutement et sélection traditionnel. Nous constatons que les entreprises qui se basent sur le potentiel du candidat et non sur l'offre d'emploi parviennent à mieux pourvoir leurs postes vacants. En effet, elles créent des emplois sur mesure pour les candidats.
Nous constatons également que les entreprises qui investissent dans la diversité attirent plus facilement de nouveaux travailleurs. Cela permet non seulement de réduire les pénuries de personnel, mais aussi d'améliorer les performances économiques. En effet, des études montrent que les entreprises pouvant s'appuyer sur la diversité au niveau de leur personnel sont beaucoup plus innovantes, touchent de nouveaux groupes de clients et enregistrent davantage de succès au niveau économique.
Cependant, il ne suffit pas de mettre plus de gens au travail, il faut aussi être capable de les faire travailler 'convenablement'. Pour y parvenir, les entreprises et les collaborateurs doivent miser davantage sur la formation. Des enquêtes récentes montrent que les collaborateurs croient trop peu en l'utilité de la formation, mais dans un monde (du travail) qui change rapidement, la formation continue constitue un 'must'.
Nous ne pouvons pas non plus nous permettre d'avoir des taux d'absentéisme élevés et de perdre des collaborateurs, temporairement ou non, en raison d'une pression de travail excessive ou d'un burn-out. L'attention accordée au bien-être psychosocial est primordiale, et le secteur du bois montre la bonne voie, une voie qui pourra également être empruntée par les PME.
Lire aussi:
Bref, des défis importants nous attendent, mais ils ne sont pas insurmontables. Il n'y a pas de place pour le pessimisme ou la résignation dans les entreprises fortes. Des solutions existent bel et bien, à condition que tous les acteurs du marché du travail (autorités, partenaires sociaux, entreprises, collaborateurs, etc.) soient prêts à échanger leurs opinions classiques contre des idées nouvelles et innovantes. De quoi alimenter les prochaines chroniques!