Deux fois moins de "bois flamand" sur le marché : un constat peu réjouissant
Déforestation versus exploitation durable
Les chiffres de l'agence flamande pour la nature et les forêts (ANB), le plus grand propriétaire forestier public de Flandre, mettent clairement en lumière la baisse du volume de bois provenant de nos propres forêts. L'année dernière, l'ANB a commercialisé 47.091 m³ de bois, soit une baisse de plus de 50 % par rapport à quatre ans plus tôt. Si l'on remonte plus loin, la différence est encore plus marquée : en 2013, l’ANB avait commercialisé 113.982 m³ de bois provenant des forêts flamandes. Cet écart indique une diminution drastique du volume de bois récolté dans les forêts flamandes.
Pour la Confédération belge du Bois, le constat est clair : ces dernières années, le thème de l’exploitation forestière a suscité tellement d'émoi dans la société que l’on est tombé dans l’extrême inverse. L'organisation sectorielle concède que la lutte contre la déforestation permanente est évidemment justifiée, mais appelle à nuancer le débat de toute urgence. La déforestation est une disparition permanente de la forêt au profit d'une exploitation différente des sols, comme le logement, l'industrie ou l'agriculture. L'organisation estime toutefois que l’abattage régulé via une gestion responsable des forêts doit rester une possibilité.
"Nous comprenons l'émotion qui entoure l'exploitation forestière, mais nous ne devons pas oublier que l'abattage ou la récolte responsable est aussi bénéfique pour une forêt", déclare Andries Saerens, secrétaire adjoint de la Fédération belge du Bois. "Cela peut apporter du dynamisme, de la lumière, de l'espace et des opportunités pour de nouvelles espèces. En outre, cela renforce la résilience de nos forêts, qui peuvent mieux faire face aux maladies et aux parasites – ce qui est essentiel dans un contexte de changement climatique. N’importe quel expert vous le dira : organisé de manière responsable, l’abattage forestier a un intérêt écologique. C’est une nuance trop souvent omise dans le débat actuel."
Le bois local : un matériau de construction écologique
Il ne faut pas oublier que le bois est aussi notre allié pour freiner le changement climatique, à condition de privilégier le bois local : "Plus il y a de bois dans la construction, mieux c'est pour la société et pour notre empreinte", affirme M. Saerens. "Le bois stocke en effet le carbone dans sa structure, contrairement à l'acier et au béton, dont la production génère énormément de CO2 et dont l'empreinte carbone est donc beaucoup plus importante.
"Mais une mise en garde s'impose : comment continuer à affirmer que notre démarche est écologique si nous devons aller chercher nos matières premières, comme le bois, de plus en plus loin parce que nous n'osons plus toucher à nos forêts locales, même dans le cadre d'une gestion forestière responsable et alors même que le volume de bois dans nos forêts a augmenté au cours des dernières décennies. Et n’oublions pas dans tout cela que le bois est un produit magnifique et naturel, aux multiples usages. Sans l’exploitation forestière, nous ne pourrions jamais profiter d'un magnifique parquet ou d'une belle table en bois.
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Répercussions économiques
La diminution de l’exploitation forestière se fait également sentir sur le plan économique, suscitant l’inquiétude et des pénuries à répétition dans de nombreuses scieries locales. La situation est telle que le nombre de scieries dans notre pays est passé de 313 à 95 au cours des dernières décennies, rapporte l'organisation sectorielle. Qui plus est, les scieries qui subsistent tournent avec une capacité réduite. Les scieries spécialisées dans les feuillus, par exemple, fonctionnent à peine à 65 % de leur capacité.
Andries Saerens: “Nous sommes convaincus que la Flandre doit miser davantage sur l’exploitation écologique et durable de ses forêts, ce qui permettrait de réinjecter plus de bois sur le marché. Et c’est important car avec si peu de bois sur le marché – comme c’est le cas actuellement – nous craignons pour l’avenir de notre expertise nationale et pour l’emploi dans nos régions.”
Débat et sensibilisation
La Confédération belge du Bois veut stimuler le débat et chercher des solutions avec le concours du gouvernement, afin d’optimiser à nouveau l’exploitation forestière responsable. "C’est tout à fait faisable, car au cours des dernières décennies, le stock de bois des forêts flamandes a augmenté de manière substantielle. Lorsque l'on parle d'‘abattre des arbres’, beaucoup ont cette image de plaines désertiques et de bulldozers massacrant la forêt amazonienne. Et les travailleurs forestiers, les bûcherons et les autres professionnels de notre secteur sont constamment critiqués et stigmatisés, même quand ils protègent les routes des chutes d’arbres. Or une bonne gestion des forêts, et donc un abattage durable, n'est pas seulement bénéfique pour la nature, mais aussi pour notre société. Il est crucial d’en prendre conscience."