Le bois: une arme importante dans la lutte contre le réchauffement climatique
Du foncé au clair
En tant que directeur d’Hout Info Bois, le centre national belge pour les informations techniques ainsi que la promotion du bois et des applications du bois, Hugues pose un regard éclairé sur le secteur.
“Au cours des 20 dernières années, on a assurément noté une évolution des essences de bois foncées et massives vers des essences et matériaux plus clairs. La palette de produits à base de bois s’est fortement élargie. On peut ici penser au CLT (Cross Laminated Timber), au DLT (Dowel Laminated Timber), au lamellé-collé ou LVL (Laminated Veneer Lumber), à l’I-joist, etc. À côté de cela, on trouve aussi énormément d’autres matériaux ne renfermant pas de bois, mais qui sont parachevés avec un matériau ressemblant à du bois pour créer une sensation de bois. Si l’utilisation du bois recule pour les menuiseries extérieures, le bois a par contre le vent en poupe comme matériau de construction.”
La durabilité au centre des préoccupations
Malgré le fait que les matériaux alternatifs au look bois sont largement disponibles et meilleur marché, Hugues remarque tout de même que les gens se rabattent de plus en plus souvent sur le bois véritable pour endiguer les conséquences du réchauffement climatique.
“Le bois a toujours été un matériau qui intéresse ceux qui se soucient de l’environnement. De nos jours, de plus en plus de gens en tiennent compte en raison du réchauffement climatique. Les essences de bois tropicales ont moins la cote et sont moins proposées au profit des essences de bois indigènes. Parmi les essences de bois locales, le chêne est de loin la plus populaire, mais le hêtre, l’érable et le frêne sont aussi assez souvent utilisés. De nos jours, plus de 90% du bois utilisé en Europe est également originaire d’Europe. Ce qui permet de réduire fortement la pollution due au transport.”
Matière première renouvelable
Selon Hugues, un des plus gros avantages de ce matériau réside dans le fait qu’il s’agit d’une matière première renouvelable. On en perçoit cependant que lentement les implications.
“Étant donné que le bois est renouvelable, il doit aussi être abattu. Nombre de gens considèrent pratiquement l’abattage d’arbres comme un crime, mais c’est précisément en abattant les arbres et en en replantant que nous pourrons lutter contre le réchauffement climatique. Nous pouvons vraiment utiliser la nature. Les arbres plus âgés absorbent moins de CO2. Tant que les arbres vivent, ils retiennent le CO2. En les abattant et en les utilisant avant qu’ils soient morts, nous créons donc une réserve supplémentaire de CO2. Et en plantant également de nouveaux arbres, nous ferons encore baisser davantage la teneur en CO2 dans l’atmosphère. Un jeune arbre absorbera en effet beaucoup plus de CO2 qu’un arbre âgé. L’évolution des forêts européennes fait l’objet d’un suivi minutieux. Nous savons aujourd’hui avec une absolue certitude que les forêts belges et européennes grandissent. L’abattage est moins rapide que la croissance.”
Une bonne connaissance des matériaux
Le bois est un matériau complexe et hétérogène. De larges connaissances des matériaux s’avèrent nécessaire pour le travailler et l’utiliser correctement. Une fois ces connaissances à disposition, les possibilités sont infinies.
“Le bois travaille sous l’influence de l’humidité et des fluctuations de température. De plus, contrairement à d’autres matériaux, ce travail s’opère dans différentes directions. La dilatation et le retrait varient dès lors d’une essence à l’autre. Avant, les connaissances des matériaux étaient beaucoup plus limitées. Les architectes apprenaient par exemple tout sur l’acier et le béton, mais pas sur le bois. C’est pourquoi il était également moins utilisé et prescrit. Avec l’augmentation des connaissances, le bois est de nos jours beaucoup plus souvent utilisé et de manières beaucoup plus ingénieuses. Si les immeubles en bois comportaient maximum 10 étages il y a quelques années, les constructions en bois de 20 étages ou plus ne sont plus des exceptions de nos jours.”
L’utilisation croissante de panneaux CLT constitue, selon Hugues, une des principales raisons pour lesquelles le bois se porte beaucoup mieux de nos jours en tant que matériau de construction. Les panneaux CLT ou Cross Laminated Timber sont des panneaux en bois à couches multiples collées en croix, constituées de tranches monocouches de bois massif. Ces panneaux CLT sont souvent appliqués comme élément de mur, de sol ou de toit en construction bois. Ils remplacent le béton de construction et l’acier. “Les panneaux CLT permettent des constructions beaucoup plus hautes et beaucoup plus rapides. Cette vitesse s’avère déterminante et pousse nombre de gens à tout de même opter pour le bois comme matériau de construction. Les projets pourront par exemple déjà être loués ou vendus après quelques mois, de telle sorte que leur rendement sera beaucoup plus rapide.”
Nouvelles possibilités d’application
En menuiserie, l’apparition des traitements thermiques a engendré de très nombreuses nouvelles possibilités.
“Les premiers traitements thermiques ont été appliqués il y a une trentaine d’années. Ceux-ci ont été développés en premier lieu pour donner une couleur foncée plus homogène au bois pour parquet ou meubles. Progressivement, nous avons découvert que cela rendait aussi le bois plus durable. Nous avons alors commencé à thermotraiter certaines essences de bois pour également pouvoir les utiliser comme menuiseries extérieures. Les possibilités d’application des essences de bois moins durables se sont ainsi fortement élargies. Une évolution également favorisée par la modification chimique comme l’acétylation ou la furfurylation.”
En traitant le bois de conifère à croissance rapide avec un dérivé d’acide acétique dans une atmosphère sous vide et à haute température, le bois obtient les propriétés des essences de bois durables.
Pour ce qui concerne le bois utilisé pour l’intérieur, Hugues constate surtout une forte augmentation des produits de finition. “Il y a aujourd’hui beaucoup plus de produits sur le marché qu’il y a 20 ans, de telle sorte que vous bénéficiez de possibilités illimitées au niveau notamment de la couleur, de la brillance et de la dureté.”
L’avenir sera fait de bois
Lorsqu’on demande à Hugues de regarder dans sa boule de cristal, il prédit volontiers que l’avenir sera fait de bois.
“Nous devons vraiment utiliser plus de bois pour lutter contre le réchauffement climatique. Il ne faut pas hésiter. En même temps, nous devons naturellement aussi planter plus d’arbres. On peut utiliser le bois pour réaliser des constructions, pour les menuiseries, pour l’intérieur et pour d’innombrables autres applications. Nous devons aussi trouver encore davantage d’applications pour les essences de bois largement disponibles en Belgique, mais qui sont aujourd’hui encore peu utilisées. Si nous arrivons à rendre plus durables des essences de bois plus tendres comme le bouleau, le saule et le peuplier; ce serait déjà une jolie valorisation. Si nous osons changer notre mentalité, beaucoup de choses seront possibles.”
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