Stijn Cox redonne vie à la menuiserie de son père
La passion du bois a toujours été présente, mais quand avez-vous su que vous vouliez aussi devenir entrepreneur?
"Au cours de mon baccalauréat à la Haute-Ecole Thomas More. Je possédais déjà un bon bagage technique, mais c'est là que j'ai acquis de nombreuses nouvelles connaissances. L'accent y était aussi mis beaucoup plus sur des aspects comme la gestion de projet et le calcul des prix. Des compétences dont vous avez indispensablement besoin en tant qu'entrepreneur, mais que l'on n'apprend pas directement à l'école secondaire."
"J'ai aussi succombé aux charmes du dessin technique et, après mes études, j'ai travaillé comme dessinateur industriel dans un cabinet d'architectes pendant un an et demi. Pendant un certain temps, j'ai pensé que tel était mon avenir, mais j'ai finalement tout de même voulu retourner dans le secteur du bois. J'ai rejoint une entreprise d'aménagement intérieur haut de gamme en tant que dessinateur technique et planificateur du travail et de la production. C'est là que j'ai vraiment appris les ficelles du métier jusqu'à ce que j'ose m'installer à mon compte."
Vous avez directement commencé comme indépendant à titre principal?
"Cela faisait déjà un petit temps que je travaillais comme dessinateur technique à titre complémentaire, mais quand j'ai commencé à produire, je suis directement devenu indépendant à titre principal. Pas sans réfléchir, car j'avais un appartement à payer et n'avais que 23 ans. Je savais que je pouvais travailler comme sous-traitant pour plusieurs agenceurs d'intérieur tout en cherchant mes propre premiers projets. Mon frère travaillait lui aussi déjà comme indépendant à titre complémentaire et travaille occasionnellement dans ce secteur. Il n'a pas l'intention d'en faire son métier à temps plein. Pour lui, le travail du bois constitue plutôt une passion en marge de sa profession d'expert en énergies."
Avez-vous suivi les traces de votre père?
"Oui et non. Nous avons pu utiliser son parc de machines afin de ne pas devoir partir de zéro, mais des problèmes de santé avaient contraint mon père à quitter l'entreprise quelques années plus tôt. Nous n'avons donc pas pu nous appuyer sur son portefeuille de clients, même si certains anciens clients sont entre-temps revenus. Mon père fabriquait des solutions en kits principalement pour d'autres menuisiers qui se consacraient exclusivement à la pose. Cela lui permettait d'être plus souvent près de sa famille. A terme, j'ai l'intention d'en faire autant et produire principalement pour les menuisiers débutants ne voulant ou ne pouvant pas investir eux-mêmes dans ces machines onéreuses."
Quel est le niveau d'équipement de votre atelier?
"Mon père possédait déjà des machines de taille assez importante. Avec ses trois étages, l'atelier offre suffisamment d'espace de travail et de stockage, même s'il est difficile de bien exploiter les hauteurs. Nous avons commencé avec une scie à panneaux – qui a d'ailleurs le même âge que moi, mais qui fonctionne encore parfaitement – une toupie, une raboteuse-dégauchisseuse et une BlueMax. Nous avons déjà remplacé l'ancienne plaqueuse de chants par une nouvelle et, en août, nous avons installé une nouvelle machine CNC afin de pouvoir travailler de manière encore plus rentable et pouvoir miser toujours plus sur la production pour d'autres menuisiers".
Comment avez-vous réussi à attirer vos premiers clients?
"Nous avons immédiatement créé un site web et de nombreuses personnes nous ont trouvés par ce biais. Ce qui est amusant, c'est que nous avons souvent été contactés depuis Anvers, alors que nous sommes établis dans le Limbourg. Google y est certainement pour quelque chose. J'ai habité à Anvers et c'est là que j'ai réalisé mes premiers projets. Nous avions mis des photos de ces projets en ligne, en mentionnant le lieu. Par conséquent, Google nous présentait principalement aux habitants de cette région. Aujourd'hui, nous essayons de rectifier le tir en misant sur la SEO et SEA (optimisation des moteurs de recherche et de la publicité) et ces efforts commencent à porter leurs fruits."
Comment vous démarquez-vous?
"En communiquant de façon très transparente et honnête et en maintenant des prix compétitifs. Nous ne faisons aucune concession au niveau de la qualité, mais aspirons à produire le plus efficacement possible. C'est pourquoi nous avons voulu investir dans cette machine CNC. Nous voulons obtenir le meilleur résultat possible en un minimum de temps. Au niveau non seulement de la production, mais aussi du dessin technique, par exemple. En outre, nous examinons toujours avec les clients comment optimiser leur devis. La couleur sera peut-être moins importante à l'intérieur d'un placard et vous pourrez ainsi économiser de l'argent en optant pour un panneau blanc. De même, il n'est pas nécessaire d'utiliser partout les panneaux les plus chers, tant que ceux-ci restent de bonne qualité."
Avez-vous une devise particulière?
Je crois qu'un individu seul ne sait forcément pas tout et qu'on peut aller beaucoup plus loin en osant poser des questions. Lorsque j'ai des doutes sur un projet, je vais frapper à la porte de mon frère, de mon père, d'autres hommes de métiers ou de fournisseurs et je leur demande comment ils feraient à ma place. En glanant plusieurs avis, vous arrivez à une solution qui sera probablement bien meilleure que celle à laquelle vous aviez pensé à l'origine. C'est aussi pour cette raison que j'ai suivi une formation Bryo au VOKA, l'organisation patronale flamande. Il est très enrichissant de s'entourer d'autres 'starters' issus de tous les secteurs. Non seulement cela vous permet d'acquérir de nombreuses connaissances, mais vous vous apercevez aussi que vous n'êtes le seul à rencontrer certains problèmes et cela permet de chercher des solutions ensemble."
Avez-vous des conseils à donner à ceux qui souhaiteraient se lancer?
"Je leur conseillerais surtout de suivre leur propre intuition. Si vous voulez vous lancer, il faut tout simplement le faire. Même si votre entourage peut avoir des doutes. Bien sûr, il faut connaître le métier. Commencez par exemple par acquérir de l'expérience auprès d'un menuisier expérimenté, car il est impossible de réussir sans connaissances professionnelles. En outre, je recommanderais à tout le monde de commencer par suivre comme moi une formation pour débutants, afin de pouvoir se constituer un bon réseau. Car cela a une valeur inestimable."