Desmyter : constructions bois authentiques sans compromis
Trompeuses, les apparences ?
Avant de rencontrer Maarten Desmyter et au vu de tout ce que j’avais vu et lu, j’étais convaincu d’avoir affaire à une entreprise avec des générations de savoir-faire derrière elle. Eh bien, non. Desmyter a vu le jour il y a 11 ans, lorsque l’activité complémentaire de Maarten s’est progressivement transformée en job à plein temps. Il lui a fallu renoncer à un bon job chez Group Monument, mais chassez le naturel et il revient au galop. Il a donc décidé de suivre sa propre voie. Je me suis peut-être trompé sur l’ancienneté de la société mais pas sur son professionnalisme. Maarten a l’art de la restauration dans le sang. C’était son objectif quand il a créé Desmyter, même si les débuts ont été plus compliqués que prévu.
“Nous étions jeunes et nous n’avions pas encore les bonnes références. Sur le marché de la restauration, un beau portfolio est crucial. Nous nous sommes alors consacrés aux annexes en chêne. Les techniques sont les mêmes, mais à plus petite échelle. Au bout d'un moment, les annexes se sont faites plus grandes et le pas vers la restauration plus facile à sauter. Aujourd’hui, la restauration représente environ 60% de nos activités.”
Créer et saisir les opportunités
Son premier grand projet de restauration, Maarten s’en souviendra toujours. “Nous devions réhabiliter une ancienne ferme à Ingelmunster. C’est grâce à ce projet que j’ai pu engager mon collaborateur et on peut dire que c’est ce qui a vraiment lancé les choses. ” Un autre projet qui a marqué Maarten, c’est la restauration des bureaux de l’entreprise d’architecture Govaert & Vanhoutte.
“C’était une grange vétuste aux murs tordus, avec un toit qui ne valait guère mieux. Il fallait redresser le toit sur les murs existants et nous voulions restaurer la charpente avec de nouvelles poutres, à peine discernables des anciennes. Dans ce genre de cas, beaucoup auraient tendance à tout abattre pour repartir à zéro, mais pas nous. Nous étions honorés que les architectes nous confient ce projet avant d’avoir réellement fait nos preuves. Je suis aussi très reconnaissant à mon épouse, sans son soutien et sa confiance, nous n’en serions pas là où nous sommes aujourd'hui.”
Kansen krijgen en grijpen
Zijn eerste grotere restauratieopdracht zal Maarten voor altijd bijblijven. “We mochten een oude boerderij in Ingelmunster in ere herstellen. Dankzij dat project kon ik mijn eerste medewerker in dienst nemen en het bracht de bal echt aan het rollen. Een ander project waar Maarten warme herinneringen aan heeft, is de restauratie van de kantoorruimtes van het architectenbureau Govaert & Vanhoutte.
“Het was een stokoude schuur met kromme muren en dito dak. Het dak moest uitgerecht worden op de bestaande muren en we wilden het gebinte restaureren met nieuwe balken die nauwelijks van de gerecupereerde oude exemplaren te onderscheiden waren. Velen zouden in zo’n geval geneigd zijn om alles af te breken en gewoon opnieuw te beginnen, maar wij niet. We vonden het een hele eer dat de architecten ons dit project toevertrouwden nog voor we onszelf echt hadden bewezen. Ik ben mijn vrouw ook enorm dankbaar, zonder haar steun en vertrouwen zouden we niet staan waar we vandaag staan.”
Restaurations et constructions en bois à l’épreuve du temps
Desmyter ne s’intéresse pas au secteur des projets et des marchés publics. “Nous travaillons majoritairement sur le marché privé, avec des personnes souhaitant restaurer une ferme ou une ancienne grange.” Pouvoir transformer un bâtiment et lui donner une nouvelle vie à l’aide de matériaux anciens et de techniques traditionnelles leur donne plus de satisfaction qu’une simple rénovation structurelle. “Vous tirez plus de fierté du travail accompli et bien souvent, le prix est moins déterminant que pour les marchés publics.”
La construction à ossature bois est le troisième pilier de l’entreprise. “C’est une spécialisation qui s’est développée en réponse à la demande croissante d’annexes en chêne permettant aussi d’y dormir ou d’y travailler. La construction traditionnelle ne permet pas d’atteindre les exigences actuelles en termes de performance. Avec des murs à ossature bois, c’est possible. Et nous posons par-dessus un bardage de façade en chêne pour donner au bâtiment le même cachet authentique.”
En marge de cela, Desmyter a aussi énormément de clients professionnels. Des espaces bureaux à ossature bois, dont les leurs, à un bâtiment à ossature bois pour une salle de fitness aménagée au cœur d’un entrepôt – ils ne reculent devant aucun défi. De temps à autre, si le projet est intéressant, ils travaillent en sous-traitance. “Par exemple, nous avons récemment travaillé pour Group Monument sur le projet des Halles aux draps d'Ypres, où nous avons réalisé une structure pour relier l’ancienne tour à la nouvelle.”
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Sur-mesure et flexibilité
Tout est réalisé dans le propre atelier de l’entreprise, en suivant au maximum les méthodes traditionnelles. “Nous ne scions certes plus à la main mais pour nos restaurations et nos annexes en chêne, certaines de nos techniques remontent au 19ème siècle. Les principes sont restés les mêmes. Cela nous permet de garder un maximum de flexibilité jusqu’au dernier moment pour répondre au mieux aux demandes du client. S'il décide brusquement de positionner un mur différemment, c’est possible. La construction à ossature bois exige un peu plus de préparation car nous construisons les murs ici à l’atelier avant de les transporter sur le chantier pour les assembler.”
Comme ils ne sont pas du tout dans une optique de standardisation, vous ne trouverez ici ni machines CNC ni scies à format, mais des raboteuses et des scies traditionnelles. “Mais nous avons des tronçonneuses spéciales de Maffel, qui nous permettent de tronçonner à la main des poutres de 30 cm. Vous ne verrez pas ça dans tous les ateliers.”
Maarten n’est pas un grand partisan de l’automatisation à outrance : “J’ai vu à Prowood que certaines écoles utilisent désormais la réalité virtuelle pour enseigner le maniement des machines les plus récentes aux élèves. C’est bien beau, mais ça reste important de sentir l’effet d’une lame sur votre matériau, non ? Comme je tiens à nos méthodes traditionnelles, nous ne deviendrons jamais une très grande entreprise. J’espère pouvoir tourner avec trois ou quatre équipes d’ici quelques années, ça me suffira amplement. Et cela permettra de préserver l’ambiance familiale que nous avons actuellement.”
Sans compromis
Sur-mesure, qualité et service au top – c’est le minimum pour Desmyter. “Cela s’applique à tout ce que nous faisons. Par exemple, je ne vais jamais mettre la pression à mes clients. Je préfère qu’ils prennent deux jours de plus pour travailler sur un projet que de devoir revenir plus tard car quelque chose ne va pas. Les projets hors du commun nous inspirent. Réaliser quelque chose qu’un autre ne peut pas faire est une source de fierté pour nous. Si j’avais choisi il y a dix ans de me consacrer aux petits pavillons de jardin préfabriqués, j’aurais sans doute gagné plus d’argent et eu un parcours plus facile mais je veux pouvoir continuer à évoluer et m’améliorer dans ce que nous faisons.”
Un résultat parfait est crucial dans une niche où le bouche-à-oreille occupe une telle place. Comme ce client qui leur a valu quatre autres projets et cette rue dans un quartier résidentiel, où ils ont installé des pavillons dans cinq jardins. Les recommandations arrivent parfois des endroits les plus inattendus.
Durable et écologique
Desmyter refuse aussi tout compromis en matière de durabilité. “Nous utilisons du bois de forêts à gestion durable et des matériaux d’isolation écologiques, comme la cellulose ou la laine de bois.” Je lui demande si le surcoût n’est pas problématique pour les clients mais cela ne le tracasse pas. “Tant que la différence de prix est justifiée, nous optons pour une solution écologique et nous ne laissons pas d’autre choix au client. C’est à nous de faire les bons choix, si nous ne voulons pas nous retrouver avec des matières premières épuisées d’ici quinze ans.”
C’est cette même conviction qui les pousse à minimiser l’impact environnemental de l’entreprise. L’atelier et les bureaux sont chauffés avec un poêle où ils brûlent leurs propres déchets de bois, de manière correcte et écologique évidemment. “Nous aurons bientôt un broyeur à bois et une presse à briquettes afin de pouvoir exploiter tous les déchets de bois et nous allons faire installer des panneaux solaires sur le toit.”
Profil d'entreprise Houtconstructie Desmyter
- Année de création : 2011
- Situation : Atelier de 2000 m² à Roulers - Beveren
- Directeur : Maarten Desmyter, 37 ans
- Nombre de salariés : 5, plus une équipe alternante en sous-traitance
- BHAG (Big Hairy Audacious Goal) : Devenir l’adresse de référence pour chaque particulier qui veut restaurer une ancienne ferme ou une grange
- Conseil (livres) : Le cygne noir – Nassim Nicholas Taleb
Hausse inédite des prix
Les hausses de prix dans le secteur jouent aussi des tours à Desmyter. “Le prix d’une annexe a pris environ 30%. Les gens préfèrent repousser leurs projets, mais nous avons encore de quoi compenser ce ralentissement avec nos projets de restauration et d’ossature bois. Au début, la hausse des prix était due à la pandémie, maintenant à la guerre... le bois reste bloqué chez les fournisseurs russes et quand il y en a qui arrive sur le marché, c’est à des prix bien plus élevés. Nos offres incluent désormais une clause nous permettant d’adapter notre prix si le prix des matières premières augmente de plus de 5%. Nous n’avons pas eu le choix.”
Mais Maarten ne se fait pas trop de soucis. “Quand vous êtes artisan, vous avez l’habitude de ne pas pouvoir vous projeter trop loin dans l’avenir. Du temps de nos parents et de nos grands-parents, il était impensable de prévoir des projets sur les deux prochaines années. Et si ça stagne vraiment, il y a pas mal de choses que nous déléguons actuellement que nous pouvons reprendre nous-mêmes temporairement. À terme, les problèmes vont se résorber d’eux-mêmes, les gens continueront toujours à construire et rénover.”
En quête de personnel
Le manque de personnel, par contre, lui vaut quelques insomnies. Cela freine sa propre croissance mais cela pèse aussi sur l’ensemble du secteur. Maarten a depuis peu à ses côtés Nicolaas, son premier chef de projet, mais cela fait déjà 9 mois qu’il cherche aussi deux chefs d’équipe et ce n’est pas un profil facile à trouver.
“Il y a deux ans, nous avons engagé deux jeunes diplômés et ils font un boulot fantastique mais les former demande du temps. Surtout dans une entreprise comme la nôtre, où il faut pouvoir tout faire soi-même et où vous êtes plus qu’un simple maillon de la chaîne. L’apprentissage en alternance est un excellent système mais il ne fonctionne pas pour tout le monde. En plus de débutants, nous avons aussi besoin de gens avec plus d’expérience. Les connaissances se perdent de plus en plus. Aujourd'hui, les étudiants sont formés pour intégrer un processus automatisé, mais réaliser quelque chose de A à Z de leurs propres mains, ils le font de moins en moins. Un de nos débutants est parti en France après ses études pour se perfectionner auprès des Compagnons. Ce genre de profil vaut de l’or.”
Tant qu’il ne trouve pas de chefs d’équipe, Maarten est à la fois le visage de l’entreprise et le moteur du back-office. “Je devrais être moins indispensable au bureau et à l’atelier, pour pouvoir vraiment me consacrer aux contacts avec les clients et au suivi de chantier.” Avec son chef de projet Nicolaas à ses côtés, cet idéal se rapproche déjà un peu. Si ces chefs d’équipe pouvaient se manifester, ce serait parfait.