Van der Aa Keukens & Interieur : petit atelier, cuisines grandioses
145 ans de savoir-faire
Van der Aa a soufflé 145 bougies cette année. Quatre générations ont précédé l’actuel directeur Bert Van der Aa. L’entreprise n’a pas toujours fait des cuisines, évidemment. Il y a 145 ans, elle fabriquait des roues et des charrettes en bois. Plus tard, les activités ont évolué vers la menuiserie générale, des charpentes aux portes et fenêtres, en passant par les cuisines et l’aménagement intérieur – qui sont aujourd’hui devenus l’unique activité de l’entreprise. Outre les cuisines, on y réalise principalement des salles de bain, portes intérieures, plafonds, dressings, placards, chambres à coucher et bureaux. Van der Aa réalise presque tout en interne. Seuls plans de travail en pierre naturelle sont réalisés par un tailleur de pierre chevronné et l’entreprise laisse aussi le thermolaquage à un expert.
Pas un rêve d’enfance
Devenir agenceur d’intérieur n’était pas vraiment le rêve d’enfance de Bert. “Quand j’étais petit, je passais pas mal de temps dans l’atelier et je trouvais ça chouette et captivant mais en grandissant, vous vous rendez compte que vos parents travaillent sans arrêt. Ils faisaient de longues journées et n’avaient que peu de vacances. Je voulais quelque chose de différent”, se remémore-t-il en riant.
“Je n’ai pas suivi ma formation d’ébéniste dans le but de reprendre l’affaire mais à un moment, je m’y suis tout de même retrouvé impliqué. Aujourd’hui, je dirige l’entreprise avec mon épouse et je n’imaginerais pas ma vie autrement. C’est du boulot, mais j’y m’y investis à 100%.”
L’évolution de la menuiserie au sens large vers le domaine plus spécialisé de l’aménagement intérieur s’est faite sous l’impulsion de Bert. “Étant ébéniste, la réalisation de charpente me parlait beaucoup moins. Mon père réalisait déjà des cuisines et des portes intérieures mais le sur-mesure pur n’est venu que plus tard.”
Solide ancrage local
Van der Aa réalise des projets globaux mais est également ouvert aux petits projets. “Comme on dit, si on n’est pas capable d’apprécier les petites choses... Nous acceptons sans problème d’installer une simple cuisinière ou un robinet, par exemple. Peut-être qu’un jour ce client aura besoin d’un nouveau placard ou d’une cuisine ou qu’il nous recommandera à quelqu’un parce qu’il a été satisfait. Le bouche à oreille reste la meilleure publicité. Nous avons une clientèle très locale, ce qui est très pratique dans un sens. Nos installateurs ne sont jamais longtemps sur les routes et sont rarement gênés par les embouteillages. D’autre part, il est très important de satisfaire tout le monde."
"Un client déçu peut être très dommageable pour votre image. Quand un Belge se tait, c’est qu’il est satisfait. S’il n’est pas satisfait, vous allez l’entendre. Cela ne dérange peut-être pas une chaîne, mais nous oui. Je mets toujours en avant mes points forts quand je vends des cuisines et des projets. Je sais que je peux proposer un produit de grande qualité pour un bon prix. Cette approche fonctionne, car malgré la présence accrue de cuisinistes dans la région, nous continuons à nous développer. Je ne cède pas à la guerre des prix et je ne jongle pas avec les remises. Le gratuit n’existe pas, on n’a rien sans rien. Les rabais offerts sont toujours récupérés quelque part et les gens commencent à s’en rendre compte.”
L’union fait la force
Bert a parfois du mal avec la politique des grandes chaînes. Pour pouvoir riposter, il a affilié Van der Aa à la centrale d’achat de Royal Crown.
“Cela permet aux petits indépendants d’avoir autant de marge de manœuvre que les grandes chaînes. Nous pouvons proposer des prix équitables sans que la qualité en pâtisse. Je fais mon travail avec passion et je rencontre chaque client potentiel personnellement. Et ils le ressentent. Je suis capable d’expliquer avec précision où se trouve la différence de qualité quand on compare notre travail avec ce que les chaînes proposent. Je travaille pour rendre mon client heureux, pas pour lui soutirer son argent en un minimum de temps."
"Chez moi, ils ne s’offrent pas une belle remise mais une cuisine de qualité. Et je ne pense pas que le prix soit l’élément le plus décisif, ce que plusieurs études tendent d’ailleurs à démontrer. Les gens achètent surtout au feeling et si le déclic ne se fait pas, ce n’est pas le prix seul qui va les convaincre. C’est un métier fantastique et je considère ça comme un privilège de réaliser et d’installer une cuisine. Car c’est ce qui fait d’une maison neuve un véritable foyer.”
Volonté d’investissement
Bert Van der Aa aime les machines à la pointe du progrès. “Pour moi, acheter une nouvelle machine est aussi enthousiasmant que d’acheter une nouvelle voiture. Mon grand-père, la troisième génération, était très économe. Il investissait le moins possible. Mon père avait la volonté d’investir lorsqu’il a repris l’affaire mais ce n’était pas possible à l’époque. Il n’y avait pas suffisamment de moyens et il travaillait encore avec mon grand-père, qui n’en voyait pas l’intérêt. Heureusement, mon père a l’esprit ouvert et il perçoit bien les besoins de l’entreprise et la demande du marché. Ensemble, nous avons commencé à investir."
"Mon père a maintenant 76 ans et il vient volontiers à l’atelier. Il trouve fantastique de voir fonctionner les machines entièrement automatisées, il est fier et je suis heureux de l’avoir aidé à finalement réaliser son rêve.“
Automatisation étendue
Après un solide cycle d’investissement, la production est aujourd’hui automatisée à environ 70%. Une fois le dessin technique réalisé, les machines sont pilotées via le logiciel. L’entrepôt de panneaux est lui aussi automatisé, ce qui permet de sélectionner rapidement les bons panneaux dans le stock, qui compte environ 600 panneaux.
“Cette quantité nous permet de travailler de manière fluide. Et ça nous permet d’intercaler un placard ici et là, par exemple. Pas besoin de plus, car les clients ont véritablement carte blanche et pour chaque projet, nous commandons tout le matériel nécessaire. L’entrepôt envoie les panneaux vers une machine qui y applique une étiquette Cette étiquette reprend toutes les informations pour la suite de la production. Ensuite, les panneaux sont installés – toujours automatiquement – sur la machine nesting pour les opérations de sciage et de fraisage. Les pièces sont manipulées à la main pour la première fois lorsque la machine nesting a terminé ses ajustages. Ensuite, elles sont envoyées vers l’encolleuse de chant."
Bert utilise de la colle PU pour la finition des chants, car il estime que c’est toujours la méthode la plus efficace et sûre pour les pièces humides et chaudes comme les cuisines et les salles de bain. Ensuite, les pièces sont montées manuellement et préparées pour le transport et l’installation.
Des limites à la croissance
Van der Aa Keukens & Interieur réalise actuellement un très beau chiffre d’affaires. Outre ses propres projets, l’entreprise réalise de plus en plus souvent du sur-mesure pour divers menuisiers qui ne peuvent ou ne souhaitent pas investir dans de telles machines. Pendant la visite guidée de l’atelier, on remarque directement que l’exploitation de l’espace a été bien réfléchie et optimisée. Chaque centimètre carré est mis à profit et il n’est plus possible d’agrandir. S’ils veulent voir plus grand, il faudra alors envisager un déménagement. Mais une entreprise familiale de cinq générations ne se transplante pas comme ça.
“Tout le monde sait où nous trouver, donc l’idée d’un déménagement ne m’emballe pas. Pour moi, on pourrait encore automatiser plus. Par exemple, nous pourrions investir dans un robot qui désempile les pièces et les trie par projet, mais il n’y a pas la place ici. Il ne faut pas investir juste pour investir. Si vous pouvez produire plus, il faut arriver à vendre et installer plus de cuisines.”
Organisation stricte
Pour Bert, une plus grande superficie ne rime pas forcément avec une production plus efficace. Il estime qu’il y a davantage de potentiel dans une meilleure harmonisation et une meilleure structuration de l’organisation.
“Je vois pas mal d’entreprises qui sont bien plus grandes et qui ont pourtant une production moindre. Il faut exploiter votre espace le mieux possible. En positionnant les machines de manière réfléchie, en employant le bon nombre de personnes à l’atelier, les moyens ne manquent pas. Parfois, c’est simplement trop et cela mine votre efficacité. Chacun(e) doit savoir ce qu’on attend de lui/elle et vous devez pouvoir compter sur le fait que le travail soit bien fait. Je viens souvent à l’atelier pour m’en assurer. Nous devons nous structurer de manière à avoir le moins de problèmes possible et que je doive intervenir le plus rarement possible.”
Bert signale aussi que les développeurs de logiciels peuvent contribuer à l’accélération du flux de travail.
“Il n’existe pas encore de suite CAD/CAM qui permet de réaliser un bon rendu pour le client final. Actuellement, nous les réalisons dans un programme à part et le dessinateur industriel doit démarrer de zéro. Ça manque sur le marché, à mon humble avis.” Par ailleurs, Bert est très strict au niveau du planning. La franchise est essentielle dans la communication. Les clients n’apprécient pas que vous les teniez en haleine pour finalement ne pas être capable de tenir vos engagements.”
Les limitations au niveau de la place contraignent en quelque sorte Van der Aa à analyser en profondeur tout le processus. Ce qui pourrait être bénéfique à toutes les entreprises mais peut-être a-t-on tendance à remettre ça à plus tard lorsque le besoin s’en fait moins sentir.
Le showroom comme carte de visite
Dès qu’on entre, on remarque que le showroom fait régulièrement l’objet d’investissements. “Une nouvelle machine peut facilement tenir dix ans mais le showroom doit être régulièrement renouvelé. Pour le moment, nous sommes en train de créer un étage supplémentaire qui doit accueillir à terme un véritable centre d’expérience où les clients pourront s’immerger dans un intérieur complet avec tous les accessoires.”
Le showroom reste un outil de vente très important ici. “Quatre fois par, nous envoyons une brochure et nous avons un site web, une page Facebook et un compte Instagram. C’est un bon soutien mais les gens veulent voir votre travail et toucher les matériaux avant de prendre une décision.”
Ambiance familiale
On sent qu’il règne une ambiance chaleureuse dans cette entreprise. “Par exemple, je n’aime pas le mot personnel. Et ouvrier encore moins. Je les vois plus que ma fille, ils font partie de ma vie et je les respecte. D’un autre côté, je leur demande énormément. Le dévouement, c’est important. Ils ne doivent pas rechigner à la tâche et se montrer constructifs.”
Aujourd’hui, l’équipe compte 12 personnes. “Je m’occupe de la vente, je prends les mesures et je gère l’atelier et les installateurs. Mon épouse se charge des achats, du planning, de la comptabilité et de l’administratif. Les plans sont réalisés par un architecte d’intérieur. Il y a quatre personnes qui travaillent dans l’atelier et cinq installateurs qui se déplacent chez les clients. On prend aussi le temps de se détendre. Nous buvons régulièrement un verre pour les anniversaires et nous allons manger ensemble plusieurs fois par an.”
Cela se traduit par un faible roulement du personnel et une ambiance agréable au travail. Trouver des collaborateurs supplémentaires n’est d’ailleurs pas chose aisée. “Étant donné que l’accent est mis sur le sur-mesure, nous avons besoin de menuisiers qui connaissent vraiment le métier sur le bout des doigts et ils ne sont pas faciles à trouver. L’enseignement n’est plus aussi poussé qu’avant. Un bon artisan a l’assurance de bien gagner sa vie, ils sont très recherchés aujourd’hui.”
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