SWOT prospectif: la vision de Bruno Humblet
Quel est à vos yeux le défi majeur pour le secteur des portes et fenêtres? Et comment y répondre au mieux?
Bruno: "Le ralentissement du marché, en raison duquel le secteur des portes et fenêtres va également au-devant d'une période difficile. Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de changement au cours des 12 prochains mois. Vu qu'il n'est évidemment pas possible d'exercer une grande influence sur la demande, il convient donc de faire face aux circonstances de la manière la plus créative possible. Quelles opportunités entrevoyez-vous? Où pouvez-vous innover? Que pouvez-vous proposer pour vous démarquer des autres acteurs sur le marché?"
"Nous trouvons par exemple qu'il sera judicieux d'accorder à nouveau plus d'attention à l'importance de l'isolation. celle-ci a été quelque peu reléguée à l'arrière-plan, mais les prix de l'énergie vont continuer à augmenter et la législation va encore se renforcer. Les habitations qui n'obtiennent pas le label CPE A, B ou C ne pourront plus être louées ou vendues, à moins de les rénover au préalable. Les protes et fenêtres forment ici un maillon essentiel, car elles ont un impact majeur sur le score CPE. En tant que secteur, nous devons aider à tirer la charrette afin que les gens soient conscient de la valeur ajoutée qu'ils pourront créer en procédant à cet investissement. Leur maison deviendra beaucoup plus écoénergétique et plus confortable, mais verra aussi sa valeur de revente augmenter."
"La pénurie de personnel qualifié constitue un défi supplémentaire. Les hommes de métier qualifiés capables de fabriquer et installer des portes et fenêtres dans les règles de l'art sont rares de nos jours, ce qui freine la croissance du secteur. Le savoir-faire artisanal revêt une grande importance, surtout sur un marché de la rénovation où chaque pièce doit être fabriquée sur mesure et où l'installation dans la façade existante peut s'avérer complexe."
Dans quelle technologie ou innovation entrevoyez-vous une grande opportunité? Pourquoi?
Bruno: "Dans le recyclage. Nous sommes déjà très avancés mais pourtant, les plastiques souffrent encore d'un problème d'image dans ce domaine. Cependant, nous pouvons déjà fabriquer des profilés 100% recyclés. Nous récupérons les anciennes fenêtres et transformons le PVC en nouveaux profilés. Nous pouvons donc déjà boucler la boucle, mais trop peu de gens le savent. Tout le monde sait par contre que l'aluminium peut être recyclé, mais il n'y a tout simplement pas assez d'aluminium en circulation pour répondre aux besoins du secteur de la construction. Le PVC est en revanche présent en abondance et peut, à l'instar de l'aluminium, être parfaitement recyclé."
Quels sont les fers de lance de votre entreprise? Quels sont vos objectifs?
Bruno: "Outre le recyclage, nous lisons fortement sur le design de nos profilés PVC. Notre nouvelle gamme allie un aspect élégant et moderne à des valeurs d'isolation imbattables, et nous pouvons également les fabriquer à partir de matériaux recyclés."
"Aujourd'hui, il est pratiquement de distinguer les profilés en PVC des profilés en aluminium. Nous faisons ici souvent le test avec les visiteurs et même les professionnels se trompent. Nous avons aussi totalement harmonisé le design de nos profilés en aluminium et en PVC, de telle sorte qu'aujourd'hui, vous pouvez les utiliser ensemble dans un même projet. Par exemple, une grande fenêtre coulissante pourra être réalisée en aluminium afin que le montant central soit le plus fin possible, tandis que les autres fenêtres pourront parfaitement être réalisées en PVC sans que l'on puisse remarquer que des matériaux différents ont été combinés."
Quelle sera selon vous la dynamique économique en 2024 (inflation, récession, pouvoir d’achat, carnet de commandes...)?
Bruno: "Je pense que 2024 sera une année difficile, du moins le premier semestre. Quand on entend que les crédits hypothécaires ont baissé de plus de 30%, on sait que cela aura des répercussions, mais le marché de la rénovation pourra, je l'espère, compenser en partie. Ceux qui ne construisent pas vont peut-être tout de même rénover leur maison de façon plus radicale. D'une part, nous devons aider les gens à comprendre l'intérêt de ces rénovations, mais d'autre part, les autorités doivent également fournir les bons incitants, ce qui n'est pas tout à fait le cas pour le moment. Aujourd'hui, vous êtes surtout puni si vous ne le faites pas, parce qu'une maison ou un appartement avec un faible score CPE perd de sa valeur, mais je pense qu'une approche plus stimulante aura plus d'effet. Cela a tout de même fonctionné dans des pays comme l'Italie. Le nombre de rénovations énergétiques y a fortement augmenté."
En quelques mots, que pensez-vous de:
- la construction circulaire: "une perspective d'avenir à moyen terme"
- le recyclage: "sous-évalué"
- la vague de rénovation: "doit être renforcée"
- les menuisiers: "une pénurie aiguë"
- l'IA: "pas encore pertinente"
- les voyages dans l'espace: "si la fusée a été construire avec des profilés de qualité, j'irai... Mais ma réponse est certainement trop longue, n'est-ce pas?
Question subsidiaire: où et comment vivrons-nous en 2100?
Bruno: "Nous vivrons de manière beaucoup plus concentrée dans les villes avec beaucoup d'espaces libres autour d'elles. Les maisons deviendront donc plus compactes. Les portes et fenêtres seront toutes fabriquées en PVC recyclé, cela va de soi. D'ici 2100, elles seront aussi totalement automatisées."